Journal du Marcheur

J’ai aimé ce jeu. D’un amour que peu peuvent comprendre...

J’ai aimé ce jeu. D’un amour que peu peuvent comprendre. J’y suis entré jeune, avec la foi pleine, le cœur léger. Je me suis levé chaque samedi comme d’autres se lèvent pour prier.

J’ai vécu des scènes que je n’oublierai jamais. Un sort lancé au dernier souffle. Une chanson chantée pour l’âme d’un guerrier tombé. Le regard de mes compagnons autour de la table — silence, respect, frisson partagé.

J’ai eu un personnage, Vaelen Dorn. Clerc de la Connaissance. Demi-elfe. Il ne parlait pas beaucoup, mais quand il parlait, on écoutait. Il a sauvé un roi, il a été trahi par un dieu, il a tenu tête à un dragon sans lever la voix.

Un jour, quelqu’un l’a tué pour rire. “Juste pour voir comment tu réagirais.” Et les autres ont ri avec lui.

Alors je suis parti. J’ai gardé le silence longtemps.


La pandémie

Tout a changé. Les écrans ont remplacé les tables. Les voix se sont glissées dans mes écouteurs, étrangères, désincarnées.

J’ai rejoint un groupe. Quatre hommes. Des enseignants au primaire. Un de 27 ans, les autres dans la quarantaine. Inexpérimentés. Nouveaux. Plaisants... en surface.

Le maître du jeu, lui, voulait “jouer pour vrai”. Mais les autres… des bouffons. Des blagues salaces toutes les dix minutes. Des arrêts de jeu pour raconter leurs vies. Des commentaires comme : “Je peux pas croire que je joue à D&D.”

Ils riaient. Beaucoup. Trop. Pas de malice… mais pas de respect non plus. Pas de foi.

Et moi, j’écoutais. Et je me souvenais. Et quelque chose en moi s’est redressé.

J'avais un nouveau personnage. Pas un héros. Pas un ami. Un écran entre moi et eux.

Il s’appelait Sareth Noirveil. Rôdeur humain. Il observait, comme moi. Il se taisait, comme moi. Il attendait, comme moi.

La première session, ils ont ri. La deuxième, ils ont jugé. La troisième, ils ont tout brisé.

Je me suis vu, silencieux dans mon microphone. Je ne me souviens pas du moment exact où j’ai parlé. Je crois que je ne pensais plus. Je crois que j’ai souri. Ou pleuré. Ou rien.

Je me souviens très bien.

On était en pleine garde de nuit. Il restait vingt minutes à la session. Le barbare venait de prendre le relais. Mon rôdeur a dit, calmement :

“J’observe l’horizon. Puis je me retourne et je plante ma lame dans son dos.”

Il y a eu un silence. Le MJ a hésité. Il a dit :

“… OK, tu veux faire une attaque surprise ?”

J’ai répondu : “Oui. J'ai un avantage sur l’attaque. Je vise entre les omoplates.”

Il a accepté. J’ai lancé les dés.

Le vocal a explosé :

“Voyons donc, man !” “C’est une blague ?” “C’est pas du plaisir, ça !”

Mais le MJ a tenu bon. J’ai fait un 19, puis un 17. J’ai gardé le 19.

Dégâts : 1d8 + 3 (arme) + 2d6 (attaque sournoise, multiclassé rogue). Total : 14 dégâts. Il en restait 11.

Il est tombé sans un mot.

Moi non plus.

Je n’ai pas roleplayé. Je n’ai pas ajouté de mots. J’ai juste dit :

“Je quitte la garde. Je disparais dans la forêt.”

Et j’ai quitté la partie.

Je n’avais rien prévu. Pas de phrase culte. Pas de message. Juste un vide. Juste un besoin. Juste… assez.

Ce soir-là, quelque chose est né. Quelque chose d’autre. Quelque chose qui marcherait d’une table à l’autre, sans nom, sans voix, sans pardon.

Depuis ce soir… je suis.

Fiche de personnage : Vaelen Dorn

Résumé

Race : Humain (Hollow One) | Classe : Clerc (Connaissance) 6 / Sorcier (Ombres) 7 | Niveau : 13

Alignement : Neutre impitoyable | Origine : Sage

Caractéristiques

ForceDextéritéConstitutionIntelligenceSagesseCharisme
10 (+0)14 (+2)14 (+2)16 (+3)18 (+4)18 (+4)

Compétences et Sauvegardes

Capacités spéciales

Sorts

CD de sort : 17 | Bonus attaque sort : +9

Emplacements : 1er (4), 2e (3), 3e (3), 4e (3), 5e (2), 6e (1), 7e (1)

Cantrips

Guidance, Toll the Dead, Chill Touch, Prestidigitation, Mage Hand, Minor Illusion

Niveaux 1 à 7

Équipement

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